Ces mois d'été 2003 n'ont pu nous
laisser indif- férents au statut des "intermittents du spectacle".
Ainsi quel que soit l'âge, travailleur, retraité, étudiant, enseignant,
besoin de: liberté, d’apporter mon originalité, me sentir reconnu, épisodiquement
ou régulièrement, je me sens peut-être aussi participant de ce spectacle en
sept tableaux de
LA CRÉATION
( La Genèse l. 2,1-4 ) .
Dans cette pièce, où est ma place, qu'attend on de moi, comment
être participant dans ce scénario proposé par le metteur en scène JE SUIS
?
Oui ! dans les coulisses ou sur scène, quelle que soit mon intervention,
je dois m'investir pour que nous arrivions tous à ce SOMMET (le plus grand
plateau du monde) où doit se donner en perpétuelle et unique représentation,
REPAS DE FÊTE . "Le jour viendra où le Seigneur, Dieu de l’univers préparera
pour tous les peuples un festin sur sa montagne... " (
Isaïe 25, 6-9 )
Sur cette SCÈNE qui est le lieu que nous foulons et l'inaccessible
que nous miroitons, j'ai une place à tenir. Préparation, répétition avant
l'ultime acte ou spectacle, n'est-ce pas ce que nous appelons en d'autres
circonstances, l'offertoire précédant la communion. "Où veux-tu que nous
te préparions de quoi manger la Pâque" (Matthieu 26,17) .
On peut comprendre ces gens de l'ombre qui manifestent pour avoir
le droit de fêter, vivre digne- ment, être reconnus, avoir droit aux applaudis-
sements. Rappelons-nous une réflexion de ce scénariste : "En vérité, en
vérité, je vous le dis, l'esclave n'est pas plus grand que son maître, ni
l'envoyé plus grand que celui qui l'envoie". (Jean 13,16). N'est-il
donc pas normal, même si l'on ne peut éviter quelques dérapages, de rappeler
à certains ce qu'ils semblent ignorer. Avoir le haut de l'affiche, différentes
autorités ou fonctions ne doivent pas être occasion d'oublier tous ceux pour
qui, sans eux, je ne serai pas là. De même une situation discrète, épisodique,
ne doit pas non plus nous faire méconnaître ceux qui nous procurent cette
place irremplaçable.
C'est donc dans un partenariat, véritable échange ou communion
que nous gravirons la montagne pour ce repas de fête.
Dans l'ignorance des autres il ne peut y avoir d'ascension,
d'épanouissement même en renouvelant continuellement des décors de satisfecit.
On ne peut pas réaliser, construire un autre scénario pour
un nouveau monde en se passant du savoir faire des autres.
S'il est impossible d'appartenir à un mouvement, club ou une
religion sans y participer autrement qu'en unique consommateur, il est de
même difficilement concevable d'arriver à un autre univers (repas de Jésus)
sans offertoire. La fameuse phrase :" Je suis croyant mais pas pratiquant"
est une aberration.
Alors! intermittent ou pas, suis-je prêt à participer à la
mise en scène d'un autre monde? Ai-je le souhait de me retrouver avec tous
mes partenaires pour une réflexion sur nos manières de voir ou de faire?
Aurai-je aussi, s'il le faut, le courage de contraindre à la concertation,
faire stopper ceux et celles qui croient que sans les autres ils iront au
SOMMET?
Il est parfois plus noble de suivre des pancartes de protestations
que des bannières de processions. Souhaiter justice, liberté, fraternité
ne se trouvent pas forcément en s'inscrivant dans le courant des geignards
ou se repliant dans de pieux refuges, mais cela va parfois jusqu'à se battre,
rompant ainsi la tranquillité de quelques uns et de soi. Celle-ci cachant
parfois des drames.
La rue, les grèves sont-ils les chemins d'aujourd'hui qui mènent
au Golgotha pour que demain nous soyons tous au SOMMET ?