les
mots à l'adresse des Indiens au Brésil *
, il faut bien constater que Benoît XVI, au nom de «sa»
théologie, ne tient pas compte de l' histoire. Sa crainte obsédante
du relativisme contribue à l'enfermer dans une vision doctrinale
figée. Comme si la prise en considération des contextes historiques
était ruineuse pour l'accueil de l'Absolu...
Sa conception «sacrale» de la liturgie est
étrange et très éloignée de la créativité
liturgique des premiers siècles chrétiens. Pourquoi le «sacré»
est-il sauvegardé quand le célébrant tourne le dos
à l'assemblée qui est, selon saint Paul, « le corps
du Christ» ?
Après le « Bon Pasteur» et le «Motu
proprio», il y a eu les réponses de la Congrégation
de la Doctrine de la Foi. On reste confondu devant la suffisance de ces
textes et la qualification donnée aux autres confessions chrétiennes,
« victimes de déficiences ». Comme si l'Église
romaine avait été et était, elle, sans déficiences!
Les canonistes diront que c'est un langage particulier qui ne contrecarre
pas le dialogue œcuménique. Comment n'en serait-il pas affecté
?
Faut-il faire schisme pour être pris en considération
par les instances romaines éprises d'unité? En réalité,
Benoît XVI, le Cardinal Hoyos et d'autres dignitaires romains partagent
dans une large mesure les orientations des traditionalistes et leur vision
de l'Eglise et du catholicisme. Des questions fondamentales se posent: avons-nous
le même Jésus ? le même Dieu ? L'interprétation
du Concile en «continuité», sans rupture, ne tend-elle
pas à le vider de toute nouveauté, de toute révision
des attitudes du passé ?
Un autre schisme est en cours, mais celui-ci ne préoccupe
guère Rome. C'est celui de beaucoup de chrétiens qui s'en
vont sans bruit, de beaucoup de prêtres qui prennent distance intérieure
par rapport au magistère romain et à leurs responsables hiérarchiques
silencieux. Ce schisme est provoqué par les responsables d'une Eglise
qui demeure entravée dans un passé idéalisé
et qui n'accepte guère un monde, des cultures, des valeurs, des aspirations
nouvelles apparus depuis quelque siècles. Il y eut l'étonnante
ouverture conciliaire... L'accès de conservatisme auquel nous assistons
et dont nous souffrons est un épisode supplémentaire, redoutable,
de la crispation de Rome sur le pouvoir et les prérogatives qu'elle
s'est donnés au cours des siècles. Beaucoup de femmes et d'hommes
vont murmurer dans leurs consciences : " A Dieu, Eglise... »
Ils portent et porteront la lumière et l'élan de l'Evangile
dans leur cœur et dans leur vie sans avoir recours à cette Eglise.
Puissent-ils, en prenant leurs distances, garder le regard
fixé sur Jésus....
Gérard Bessière
Le Courrier de JONAS – Supplément à la revue «
Jésus »
n° 133 de juin 2007