Avec Benoît XVI
Jusqu'ou ira le mouvement de restauration ?

 

 

 

On ne peut ignorer qu’un Concile œcuménique constitue la plus haute autorité législative de l’Eglise. Le pape lui-même doit s’y soumettre. Oui ou non, les Lefebvristes acceptent-ils explicitement tout l’enseignement du Concile ? La levée de l’excommunication exige, en premier, cette « contre-partie ».

3) Le pape est préoccupé par le schisme intégriste. Mais est-il aussi préoccupé par le schisme des catholiques qui abandonnent leur Eglise par suite du mouvement de restauration qui s’est désormais emparé du Centre romain ? Ils sont infiniment plus nombreux que les Lefebvristes, mais sans doute, cette rupture est-elle moins visible. En 1987, le cardinal Kasper, alors évêque de Stuttgart, écrivait:
« Comme évêque d’un grand diocèse, j’ai fait l’expérience de tensions qui ne font que croître entre les normes de l’Eglise universelle et la pratique locale. Dans bien des cas, on doit même dire qu’il s’agit presque d’un schisme dans les mentalités et dans la pratique ». Que ne dirait-il pas aujourd’hui !

Jean Rigal,
théologien
Le 23/01/2009

   La levée de l’excommunication prononcée contre Mgr Lefebvre et les quatre évêques qu’il a ordonnés suscite mon indignation et m’invite à la protestation suivante, pour trois raisons :

1) Elle m’apparaît comme un désaveu de Jean-Paul II, le prédécesseur du pape actuel. Pour que 21 ans après, la levée de l’excommunication des évêques intégristes puisse être légitime, il paraît indispensable que les raisons qui avaient justifié la condamnation aient totalement disparu. Or, tel n’est pas le cas, du moins selon les informations que nous possédons actuellement. Comment Benoît XVI peut-il contredire son prédécesseur sur le siège de Rome, sur une question aussi grave ?

2) Le problème de fond concerne la réception ou non du Concile Vatican II. La question de la messe de St Pie V est en l’occurrence purement emblématique ; tout le monde le sait désormais, les Lefebvristes ne s’en cachent pas. Il s’agit, en fait, essentiellement du rapport de l’Eglise au monde, de l’avancée de l’œcuménisme et du dialogue interreligieux, de la liberté religieuse…

Présentation du site.
Désaveu et Fracture

   Jean Rigal a envoyé ce texte à JONAS en lui demandant sa publication. Ce que Jonas fait bien volontier d'autant plus que cette question de la communion "en bouche" et à genoux, suite à certaines publications et informations diffusées par les grand médias, cette question a défrayé la chronique. Devant les questions soulevées on a un peu envie de penser :"n'y a-t-il pas d'autres choses plus urgents à débattre? "
  
   C'est un peu la pensée de Mgr NOYER évêque émérite d'Amiens :"Je me souviens, la messe..." sur le site à la rubrique : "les articles publiés" article.php?sid=334&mode=&order=0

  En ce qui concerne l'Église catholique vous pouvez aussi lire l'article :Le pape Benoît XVI et ses intégristes, par Henri Tincq LE MONDE | 02.07.08 |sur le site dans la rubrique "articles publiés" article.php?sid=336&mode=&order=0


Jean RIGAL – professeur émérite d'ecclésiologie

1) Selon le quotidien Il Giornale, le cardinal Hoyos, président de la commission Ecclesia Dei, chargé à Rome des relations avec le monde intégriste, aurait envoyé des propositions à Mgr Fellay, d'Ecône, qui porte toutes sur la soumission au pape et à son magistère. Aucune allusion n'est faite à Vatican II. Dans le but de rallier Ecône, on entretien l'ambiguité.

2) La communion à genoux et à la bouche sera désormais la pratique habituelle pour les cérémonies pontificales. Mgr Guido Marini, maître des cérémonies pontificales, prétend que cette pratique est en continuité "avec celle qui a caractérisé dans le passé la vie de l'Église" (Osservatore Romano)


  Le dignitaire romain est-il bien informé ?

- Sait-il que l'ancienne tradition demande "qu'on adresse les prières au Seigneur en restant debout" (Concile de Nicée, Année 325 )

- Sait-il qu'en Orient et en Afrique du Nord au temps de St Augustin (5ème siècle) les fidèles venaient au "Chancel" *
(entrée dans le sanctuaire ) et communiaient debout?

- Connaît-il la recommandation de Cyrille de Jérusalem : "Lorsque tu t'avances, ne marche pas les mains grandes ouvertes devant toi, les doigts écartés, mais fais de ta main gauche un trône pour la droite qui doit recevoir le Roi; puis recourbe en creux la paume de celle-ci et prends possession du Corps du Christ en disant Amen. Alors avec le plus grand soin, sanctifie tes yeux par le contact de corps sacré et consomme–le" (4ème siècle)

  En réalité, la communion à genoux et à la bouche est apparue au cours du moyen-âge.

  D'autre part, que devient le respect de la collégialité épiscopale, si le pape, venant en France, ne tient pas compte de la décision de la Conférence épiscopale française? En effet, celle-ci, ainsi que d'autres conférences a demandé, - au titre d'une adaptation locale - que les fidèles aient la possibilité de communier dans la main?
Jean Rigal

* Le "Chancel" était dit pour la clôture du chœur et comportait des entées donnant accès au sanctuaire.